Marcel Griaule
Les missions Griaule avant-guerre : objectifs et méthodes
De 1928 à 1939, Griaule met en pratique sur le terrain l’enseignement qu’il a reçu : il organise et dirige cinq missions ethnographiques dont les méthodes d’enquête et de collecte s’inspirent directement des instructions données par l’Institut d’ethnologie. Itinérantes et collectives, ces expéditions ont plusieurs objectifs : archiver dans l’urgence des cultures lointaines ou opérer de premiers repérages ; collecter en chemin de nombreux objets destinés au Musée d’ethnographie du Trocadéro ou au nouveau musée de l’Homme ; former des ethnographes professionnels conjuguant savoir universitaire et expérience de terrain ; démontrer la scientificité de l’ethnologie par la rigueur des méthodes employées ; enfin, donner une image attrayante et moderne de l’ethnologie, voire vanter son utilité coloniale, pour forcer un peu plus sa reconnaissance institutionnelle.
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La plupart de ces objectifs sont atteints en privilégiant la mobilité, le travail d’équipe et les résultats quantitatifs, à l’opposé du modèle anglo-saxon de l’immersion solitaire et de l’observation participante théorisé par Bronislaw Malinowski dans les années 1920. À partir de sa seconde mission, Griaule impose des procédés de notation standard pour les enquêtes orales comme pour les collectes d’objets, avec l’emploi de fiches manifold [4]. Pour tout voir et tout enregistrer, il se dote d’un matériel moderne et performant, fabriqué parfois à sa demande, à l’instar du bateau démontable de la mission Dakar-Djibouti. Il se sert également de son expérience d’observateur aérien et de sa qualité d’officier de réserve pour survoler et photographier ses terrains soudanais, tchadiens et camerounais à bord d’avions militaires ou civils [5].
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Chef d’une équipe aux compétences variées, il attribue à chacun des tâches complémentaires en concevant chaque mission comme un laboratoire autonome, tant au niveau logistique que scientifique. Dans un esprit similaire, il expérimente sur le terrain des méthodes collectives d’enquête fondées sur le quadrillage de l’espace et le croisement des approches ou des regards, de façon à saisir la totalité d’un rituel ou d’une institution. Par ailleurs, il rapporte dans les années 1930 plus de 5 000 objets ethnographiques de toute nature, de l’ustensile courant aux statuettes ou aux masques sculptés, conformément aux directives de Mauss. Enfin, pour assurer la publicité de ses missions et de sa discipline, il donne à ses périples africains des allures de raids scientifiques, d’explorations héroïques et d’aventures exotiques dont il rapporte les performances et les péripéties dans la presse et dans des ouvrages littéraires.





