Marcel Griaule
Les missions Griaule après-guerre : la quête de cosmogonies africaines
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Après la guerre, Marcel Griaule centre définitivement ses recherches sur les Dogon de Sanga en leur consacrant une douzaine de missions et en se donnant de nouveaux objectifs. Contrairement aux années 1930, Griaule ne cherche plus à décrire ou à inventorier la société dogon à partir d’une accumulation méthodique de témoignages et d’observations. Il s’adresse désormais à quelques informateurs « savants », détenteurs présumés d’un savoir supérieur et secret, afin d’accéder à la cosmogonie et au système symbolique qui régiraient selon lui l’ensemble des pratiques, des croyances et des institutions dogon [23]. Issu des entretiens de 1946 entre Griaule et le vieux chasseur aveugle Ogotemmêli, Dieu d’eau [24] illustre parfaitement cette nouvelle orientation. Publié en 1948, ce livre – qui est aujourd’hui un best-seller mondial – reconstitue à partir d’un discours individuel un mythe de création et une « métaphysique » dogon d’une richesse comparable à la philosophie et à la mythologie de la Grèce antique.
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Au cours des missions suivantes, Griaule continue de synthétiser et d’uniformiser les propos d’une poignée d’informateurs privilégiés pour pouvoir dégager une version homogène et cohérente du système cosmogonique et taxinomique des Dogon. À des fins comparatives, il élargit également ses enquêtes au symbolisme des populations voisines, bambara et bozo. Sur le terrain comme dans ses publications, il travaille en collaboration étroite avec Germaine Dieterlen qui, neuf ans après la mort de Griaule, publiera sous leurs deux signatures Le Renard pâle [25], synthèse actualisée de leurs recherches communes.
Connue aujourd’hui sous le nom d’école Griaule, cette approche purement symbolique et mythologique des sociétés africaines accompagne à l’époque un mouvement de revalorisation des systèmes de pensée africains, dans le sillage de la négritude et de la revue Présence africaine. Plusieurs ethnologues vont prolonger ce type de recherches, en particulier Germaine Dieterlen bien sûr, mais aussi Solange de Ganay, Dominique Zahan, Viviana Pâques et Jean Servier. En revanche, l’anthropologie dynamique, incarnée par Georges Balandier, rompt dans les années 1950 avec une « école » accusée de construire des mythologies figées en occultant l’histoire, le politique, la réalité sociale ou encore la diversité des discours individuels et le contexte des enquêtes.