Ambibé Babadyi
Parcours biographique d’un cordonnier-teinturier dogon
Malgré les réticences des ethnographes à présenter Ambibé Babadyi comme un jan, leurs notes de terrain attestent de son appartenance à ce groupe dévalorisé et strictement endogame dont les membres ont comme activités spécifiques la teinture des pagnes pour les femmes et le colportage ainsi que le travail du cuir pour les hommes (depuis le tannage et la teinture des peaux jusqu’au façonnage). Ils peuvent également tisser et assembler les bandes de coton qui seront teintes par leurs épouses [1].
En 1931, Michel Leiris se sert des renseignements fournis par son interprète Dousso Wologuem pour rédiger une fiche biographique sur son informateur privilégié Ambibé Babadyi [2] (orthographié parfois Ambibè Babadyi ou Babadyé dans les notes ou les publications des ethnographes). Celui-ci est de « race dyam [3] », note-t-il, et même s’il traduit abusivement ce terme par « griot », Leiris précise que « toutes les femmes de sa famille font la teinture à l’indigo », activité réservée aux seuls jan, tandis que les hommes de son groupe « font aussi le commerce du sel, des condiments, des étoffes ». Il ajoute qu’Ambibé, dont les fils sont cordonniers ou tisserands, « connaît le travail du cuir », tisse et quémande parfois du mil aux autres Dogon. Cet informateur dogon est donc bien identifié par les ethnographes, dès leur arrivée, comme un cordonnier-teinturier jan. Du reste, son nom de famille – Babadyi et non Dolo, contrairement aux autres informateurs dogon de Sanga – le désigne sans équivoque comme membre de ce groupe.
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La fiche biographique rédigée par Michel Leiris nous apprend également qu’Ambibé Babadyi a quitté l’agglomération de Sanga durant la grande famine de 1914 pour aller s’établir dans la plaine du Séno, en contrebas du plateau de Bandiagara. Il y revient après le décès du doyen de son lignage afin de prendre sa place dans la « grande maison » de famille, dans le quartier Doziou du village d’Ogol-du-Bas. Leiris lui donne environ soixante ans en 1931, mais Ambibé – qui est déjà le plus âgé de tous les jan de Sanga – a sans doute dix ou quinze ans de plus. En 1941, Germaine Dieterlen estime d’ailleurs qu’il a 85 ans [4]. Les fiches rédigées en 1935 par Denise Paulme confirment certaines informations précédentes [5] : Ambibé Babadyi y apparaît comme le doyen et donc le « chef de tous les cordonniers » de Sanga.
De 1931 à 1938, il est l’informateur successif des missions Dakar-Djibouti, Sahara-Soudan, Paulme-Lifchitz, Ganay-Dieterlen et Lebaudy Griaule. Sa mort est annoncée par l’interprète Ambara Dolo dans une lettre datée de juillet 1946 [6], mais son décès est sans doute antérieur à cette date.