Mamadou Keita
Le jeune lettré de Bamako
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Dans l’un de ses rapports, Griaule suggère que Mamadou Keita lui a été envoyé par le directeur de l’École régionale de Bamako [1]. Circoncis depuis peu, ce jeune garçon livre avant tout des informations sur ce rite de passage lors des enquêtes intensives de Michel Leiris et Marcel Griaule à la gare de Bamako, où la mission s’est installée. Au linguiste Jean Mouchet, il dicte aussi une dizaine de contes ou les écrit lui-même, en version bilingue. C’est sans doute sa maîtrise du français à l’oral et à l’écrit qui séduit Griaule et le pousse à vouloir l’incorporer à son équipe. Malgré le refus de son père, Mamadou Keita se saisit de cette offre et rejoint la mission. Comme beaucoup d’autres écoliers transformés en auxiliaires d’enquête, il rêve en effet de suivre ces Blancs qui le rétribuent et le traitent avec un mélange de respect, de complicité et de paternalisme.
Le 27 août au matin, il part de Bamako avec Griaule, Mouchet, Larget et Moufle en se tenant sur le marchepied de leur voiture. Dans son journal de voyage, Michel Leiris qualifie d’ailleurs Mamadou Keita de « jeune enlevé » ou de « jeune fugitif » [2]. Cette embauche est si surprenante que la nouvelle est relayée par certains journaux de métropole : « À Bamako, M. Griaule a engagé comme interprète un négrillon de 13 ans qui, paraît-il, fait preuve d’une rare intelligence [3] ».