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Sur le terrain de novembre 1938 à mai 1939, l’équipe ethnographique de la mission Lebaudy-Griaule rassemble autour de son chef, Marcel Griaule, quatre autres chercheurs : Germaine Dieterlen, Solange de Ganay, Jean-Paul Lebeuf et, pour une partie du trajet, Manouka Laroche^[1]. Leurs enquêtes et leurs collectes portent successivement sur cinq populations : les Dogon et les Kouroumba (ou Koromba) au Soudan français, les anciens Sao et les Kotoko au Cameroun, enfin les Sara et les Goula au Tchad. Au terme de son séjour africain, cette équipe rapporte environ cent cinquante objets au musée de l’Homme^[2] pour enrichir ses collections et remplir ainsi l’un des objectifs de cette expédition. Mais, parallèlement à cette collecte officielle, l’équipe Griaule en réalise une seconde, composée de « beaux » objets, et destinée au musée de Jean Lebaudy.

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Si quelques acquisitions pour l’industriel sont réalisées par Marcel Griaule lui-même avec l’aide de son équipe^[3], c’est à Germaine Dieterlen que revient la charge des achats en pays dogon^[4], où elle retourne seule en janvier, jusqu’à son retour en France en mars 1939. Sont ainsi acquis par ses soins des objets rituels, surtout des masques et des artefacts de la vie quotidienne – porte de grenier, serrures et poulies de métier à tisser –, mais dont les fiches de collecte restent introuvables à ce jour.

En dépit de l’absence des fiches descriptives de Dieterlen, l’examen des archives de la mission^[5] révèle que les méthodes d’investigation accompagnant les collectes, celles destinées à l’amateur comme celles dévolues au musée de l’Homme, ont été analogues et s’inscrivaient dans une démarche scientifique^[6]. Le traitement des « beaux » objets de l’industriel a donc été semblable à celui de l’ensemble dédié au Musée d’ethnographie ; aspects esthétiques et scientifiques se confondant dans les critères d’acquisition des objets du mécène.

En cela, cette collection rassemblée à l’initiative d’un amateur passionné par l’Afrique, loin d’apparaître singulière dans le sillage d’une science de l’Homme, constitue au contraire un témoignage exemplaire des premiers développements de l’ethnologie française. Elle reflète fidèlement l’alliance entre mondes scientifique et esthétique, le « mélange des genres et les connexions inattendues » qui caractérisent la discipline à ses débuts^[7].